Le développement du Strip de Macao

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L’histoire d’un partenariat qui a changé le paysage de Macao

Le développement du Strip de Macao a commencé par la décision de la direction du casino Las Vegas Sands (LVS) de faire changer son propriétaire d’avis. Au départ, le propriétaire Sheldon Adelson voulait simplement gérer un casino à Macao.

Lors d’une visite sur place en 2001, ses envoyés ont découvert qu’une table de jeu rapportait en moyenne 45,000$ (presque 38,000€) par jour au monopole qui opérait les paris à Macao à l’époque. Une table de jeu comparable faisait en moyenne 2500$ (2100€) à Las Vegas.

Leur capacité de persuasion a payé car la semaine dernière le Venetian Macao fêtait ses dix ans. Ce casino sorti de nulle part a été construit sur l’eau, un peu comme la cité des doges dont il s’inspire. Cet emplacement fianancé par un visionnaire n’a pas d’équivalent ailleurs et il a été le déclencheur du développement du Strip de Macao.

Une alliance avec un groupe chinois, Galaxy Entertainment Group (GEG), a permis d’obtenir une concession. Un délai pour finaliser l’accord de partenariat avait été fixé par les autorités de Macao. Cette condition est à la source d’une bataille légale interminable avec des conséquences invraisemblables.

Si le potentiel de gain par jour était vrai, l’investisseur américain voulait apporter plus de fonds propres, mais il voulait surtout pouvoir racheter plus de 30% des parts de l’entreprise, un des termes de l’accord préliminaire. L’atmosphère des négociations était tendue et la direction de GEG a rapidement perdu patience face aux exigences de transparence des Américains.

Entretemps, l’optimisme des dirigeants de LVS avait transformé le casino ‘temporaire’ en la plus grande salle de casino du monde. Le groupe chinois a déboursé un quart de milliard d’euros pour le Sands Macao. A ce stade, les médiateurs considéraient la situation comme déjà irrémédiablement mauvaise et le partenariat était difficile à sauver.

L’histoire d’une décharge désaffectée qui est devenue le méga-casino Venetian Macao

Durant ces interminables pourparlers Adelson a eu une vision : il a compris le potentiel énorme que représente la décharge qui relie Macao à deux iles adjacentes et envisagé la construction de Cotai, une sorte de version asiatique du fameux Strip, avec le Venetian Macao comme passerelle d’entrée. Si la concession n‘était pas attribuée, LVS allait racheter le terrain et aménager le développement du Strip de Macao tout seul.

Les autorités de Macao ont compris l’avantage d’une coopération avec l’investisseur, mais le groupe chinois GEG était détenteur de la concession et personne à Macao ne voulait froisser un partenaire avec des racines en Chine. Macao a trouvé une solution en utilisant l’argument de sous-concessions, ce qui permettait en fait d’attribuer deux licences d’exploitations séparées à LVS et GEG, car les différends entre eux étaient insurmontables.

Suite à cette décision, d’autres casinos ont profité de cette brèche pour revendre leur droit d’exploitation avec une énorme plus-value en utilisant le même argument de sous-concession. En conclusion, les autorités de Macao ont permis de piétiner la loi pour éviter de perdre la face et le territoire et ses habitants n’ont tiré aucun profit du système des concessions. Des conglomérats locaux ont gagné des sommes astronomiques, tandis que le nombre d’opérateurs est passé de trois à six.